L’échec de la gouvernance mondiale de la santé publique : une analyse médico-légale

L’émergence de la variante Omicron en novembre 2021 a rappelé brutalement le coût global élevé de la persistance à l’échelle mondiale d’un accès extrêmement inégal aux vaccins et aux traitements. Quelles sont les raisons de ces échecs de l’action collective mondiale ?

Les auteurs remercient Max Sorensen pour son aide à la recherche et les collègues de Bruegel pour les commentaires perspicaces faits lors d’un séminaire de recherche en novembre 2021.

Le COVID-19 a souligné que dans un contexte de pandémies récurrentes, la santé publique est un bien public mondial de base, dont la fourniture suppose une action collective efficace et opportune au niveau mondial. Elle a mis en évidence les limites du cadre en vigueur.

Cette contribution politique positionne la gouvernance mondiale de la santé publique dans le débat plus large sur la réforme des dispositifs de gouvernance internationale. Il fait la distinction entre la phase « avant » de la préparation à une pandémie, caractérisée par « le déni et la négligence » ; la première phase (« répondre à l’épidémie »), avec une coopération scientifique et une réponse non coordonnée à l’épidémie ; la deuxième phase (« répondre et contenir »), avec une augmentation des tests, mais aussi une concurrence pour les équipements rares et un développement lent des tests ; la troisième phase « protectrice », avec le développement exceptionnel de nouveaux vaccins mais aussi la diplomatie vaccinale rivale ; et la phase finale de « sortie », avec une accélération de la distribution des vaccins, mais aussi un échec flagrant à vacciner les pays pauvres.

Dans l’évolution des dispositifs de gouvernance mondiale dans différents domaines politiques, six ingrédients ont joué un rôle important, et deux étaient clairement présents en santé publique : l’identification conjointe du problème et l’expertise partagée, comme en témoignent notamment la réponse scientifique et institutionnelle. Ce fut beaucoup moins le cas pour deux autres : les principes d’action communs et les mécanismes de rapport transparents. Enfin, il y a eu des problèmes importants avec les deux derniers ingrédients : il n’y a pas de processus d’évaluation des résultats accepté pour évaluer les résultats et adapter les instruments, tandis que les problèmes de confiance continuent d’entraver le travail de l’Organisation mondiale de la santé.

La décision de travailler à un nouveau traité sur la pandémie doit être évaluée par rapport au programme de réforme de la gouvernance de la sécurité sanitaire mondiale. Quatre propositions peuvent être faites. L’OMS devrait devenir une autorité de normalisation et de surveillance forte et indépendante pour la préparation, la prévention et la réponse, tandis que les institutions et initiatives existantes devraient être rationalisées et consolidées pour mieux fournir les fournitures médicales essentielles à l’échelle mondiale.

En attendant, un organe de type G20 devrait être créé pour assurer le leadership et assurer une approche pangouvernementale qui repositionne la gouvernance mondiale de la santé dans l’ordre mondial et la place sur un pied d’égalité avec l’interdépendance économique ou la stabilité financière en termes de gouvernance, de soutien institutionnel et de Ressources. Un financement adéquat devrait être fourni par le biais d’un fonds autonome pour combler les lacunes révélées par le COVID-19 dans la préparation des systèmes de santé nationaux, la détection et le confinement, ainsi que les pénuries et les mauvaises allocations de fournitures médicales essentielles.

Citation recommandée
Bucher, A., G. Papaconstantinou et J. Pisani-Ferry (2022) ‘L’échec de la gouvernance mondiale de la santé publique : une analyse médico-légale’, Contribution aux politiques 03/2022, Bruegel

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