Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement de COVID-19 peuvent-elles aider la compétitivité des Balkans occidentaux ?

Près de deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement sont durement ressenties par les producteurs et les consommateurs du monde entier. Beaucoup se demandent si cela donnera un nouvel élan aux réalignements de la production mondiale. La pandémie a déjà eu des impacts majeurs sur les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE), qui ont chuté de 35% en 2020.

Pourtant, les économies des Balkans occidentaux sont sorties moins affectées par ce choc que d’autres régions. Les flux d’investissement vers la région ne se sont contractés que de 12 % en 2020, contre une baisse de 73 % dans l’UE. La région connaît une forte reprise au cours de l’année en cours, les flux d’IDE vers les Balkans occidentaux augmentant de 20 % en glissement annuel au premier semestre 2021, au-delà même des niveaux de 2019. Certains de ces IDE ont peut-être été des investissements reportés que les investisseurs ont hésité à entreprendre au cours des premiers mois de la pandémie, mais l’augmentation des flux d’IDE peut également indiquer que la région bénéficie d’une potentielle nearshoring.

Le nearshoring existe-t-il vraiment dans les Balkans occidentaux ?

Les tendances de nearshoring et de rehoring en matière d’investissement gagnaient déjà du terrain en Europe avant la pandémie et ont été renforcées par la chaîne d’approvisionnement mondiale et les perturbations de la production qu’elle a provoquées. Les retards d’expédition mondiaux sans précédent, la hausse des coûts de main-d’œuvre en Asie de l’Est et les changements dans les technologies de production ont incité les entreprises multinationales à réduire leur dépendance excessive à l’égard de sites de production uniques et à rendre leurs chaînes de valeur mondiales plus résistantes aux chocs externes. Tous ces facteurs pourraient pointer vers des investissements potentiels pour diversifier les risques de la chaîne d’approvisionnement et rapprocher les capacités de production du marché européen. Compte tenu de la proximité géographique et culturelle des économies des Balkans occidentaux avec les pays membres de l’UE ; sa main-d’œuvre instruite, jeune et multilingue ; et les salaires relativement plus bas, la région est bien placée pour bénéficier d’un potentiel de délocalisation, comme le soutient le nouveau rapport économique régulier sur les Balkans occidentaux.

En fait, il y a des premiers signes de nearshoring dans la région, notamment la marque de mode italienne Benetton déplaçant sa capacité de production de l’Asie vers la Serbie et la Croatie dans un contexte de coûts d’expédition en hausse et de délais de livraison croissants, et la société japonaise Nidec Corporation annonçant un investissement de 1,9 milliard de dollars en Serbie pour produire des véhicules électriques pour le marché européen en plein essor. Les données des enquêtes auprès des entreprises brossent un tableau plus nuancé de la probabilité et de l’ampleur d’une potentielle délocalisation proche. Alors qu’une enquête révèle un potentiel important de diversification de la chaîne d’approvisionnement, en particulier dans des secteurs tels que la mécanique de précision, l’optique, la technologie médicale, les produits chimiques, les produits pharmaceutiques, les plastiques, l’informatique, l’électrotechnique et l’industrie automobile, d’autres enquêtes récentes mettent en évidence des preuves limitées de changements significatifs dans les chaînes de valeur mondiales à ce jour. Comme la pandémie n’est toujours pas terminée et que l’incertitude demeure, de nombreuses entreprises peuvent préférer éviter les délocalisations perturbatrices et coûteuses à ce stade. Cependant, les entreprises multinationales sont plus enclines à réduire leur dépendance vis-à-vis des pays sources uniques ou dominants, et plus les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se prolongent, plus elles seront motivées à diversifier leurs approvisionnements ou à se tourner vers le nearshoring. Pour les Balkans occidentaux, compte tenu de la taille relativement petite de leurs économies, même le nearshoring à petite échelle pourrait avoir un impact significatif.

Certains secteurs peuvent être plus susceptibles de voir une diversification de la chaîne d'approvisionnement

Des mesures politiques proactives sont nécessaires pour tirer parti de l’opportunité

Pour tirer pleinement parti des opportunités potentielles de nearshoring, la région doit mettre en œuvre des réformes ambitieuses pour renforcer sa compétitivité en matière d’investissement. Cela comprend la résolution des principales contraintes contraignantes qui entravent les IDE, notamment les pénuries de main-d’œuvre qualifiée, les infrastructures inadéquates et la gouvernance imprévisible. Les gouvernements doivent réformer leurs systèmes éducatifs, améliorer leurs environnements réglementaires et renforcer les capacités des entreprises, notamment en améliorant l’accès au financement pour les PME et en développant les fournisseurs nationaux d’IDE.

Ensuite, les gouvernements des Balkans occidentaux doivent adopter des politiques proactives pour attirer les investissements dans les secteurs présentant un potentiel de nearshoring. Cela impliquera d’articuler la proposition de valeur de la région aux investisseurs dans ces secteurs et de mettre en œuvre des programmes de sensibilisation ciblés destinés aux investisseurs dans les secteurs actuellement prospères et ceux ayant un potentiel identifié.

Enfin, un alignement étroit des stratégies de croissance des Balkans occidentaux sur le pacte vert de l’UE et la stratégie industrielle européenne sera nécessaire pour favoriser les investissements, en particulier dans les secteurs verts et durables, ainsi que dans les secteurs clés soutenant les chaînes de valeur stratégiques européennes.

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