L’Europe doit prendre au sérieux la réduction de la consommation de pétrole et de gaz

Alors que les risques pour la sécurité énergétique augmentent, les gouvernements européens doivent cesser de subventionner le pétrole et le gaz et demander aux gens de consommer moins.

La fermeture par la Russie de l’approvisionnement en gaz naturel de la Pologne et de la Bulgarie le 26 avril marque une grave escalade dans la tentative russe de militarisation de l’énergie contre l’Europe. D’autres interruptions pourraient suivre. En préparation, les gouvernements européens doivent accélérer leur diversification loin du pétrole et du gaz russes.

Pour ce faire, les gouvernements européens ne devraient pas seulement chercher ailleurs des alternatives au pétrole et au gaz. Ils doivent aussi enfin prendre au sérieux la réduction de la demande de pétrole et de gaz. Cela impliquera d’arrêter les subventions pour le pétrole et le gaz et de demander aux gens de consommer moins. Bien que politiquement difficiles, ces mesures sont désormais urgentes, tant du point de vue de la sécurité énergétique que des finances publiques. Les mesures ne peuvent plus être reportées.

Depuis le début de la crise énergétique en Europe l’été dernier, les gouvernements européens ont fortement subventionné la consommation de pétrole et de gaz, par le biais de mesures telles que des paiements directs et des réductions d’impôts. Initialement conçues pour apporter une solution rapide à ce qui était censé être un problème temporaire de prix élevés de l’énergie, ces mesures ont explosé et sont maintenant devenues structurelles.

Depuis septembre 2021, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont dépensé chacune 20 à 30 milliards d’euros pour faire baisser artificiellement les factures de gaz et d’électricité, ainsi que les prix de l’essence et du diesel. Des subventions aussi importantes sont insoutenables du point de vue des finances publiques et préjudiciables du point de vue géopolitique et de la sécurité énergétique, sans parler de l’environnement. L’Europe importe 40 % de son gaz et 25 % de son pétrole de Russie, ce qui signifie que les gouvernements de l’UE fournissent essentiellement des subventions au président Poutine.

Mais les gouvernements européens devraient reconnaître que dans la situation actuelle, la hausse des prix de l’énergie est un élément clé de la solution. La réduction de la demande de pétrole et de gaz est cruciale pour que l’Europe renforce sa résilience face aux interruptions des flux russes. Au lieu de subventions énergétiques universelles, les gouvernements européens doivent se concentrer sur la protection des ménages pauvres et des petites et moyennes entreprises vulnérables contre la hausse des prix de l’énergie en leur fournissant des transferts forfaitaires décents. Ce serait une bonne politique, alors que subventionner le fonctionnement de SUV coûteux est une mauvaise politique.

Les gouvernements doivent demander aux gens de consommer moins et doivent avoir le courage de dire à leurs citoyens que l’Europe est au milieu de ce qui représente peut-être la plus grande crise énergétique de son histoire. Cela demande des efforts extraordinaires de la part de tous, selon leurs capacités. Comme l’a récemment demandé le Premier ministre italien Mario Draghi, « Voulons-nous avoir la paix ou voulons-nous avoir la climatisation? » Cela souligne la vérité fondamentale qu’il est de notre responsabilité individuelle de prendre des mesures quotidiennes simples qui pourraient finalement ne pas avoir d’impact sur notre mode de vie, afin de contribuer à la solution à cette crise.

Par exemple, de simples actions d’économie d’énergie telles que baisser le thermostat ou augmenter la climatisation de seulement 1 °C, travailler à domicile lorsque cela est possible ou réduire la vitesse de croisière sur les autoroutes de 10 kilomètres à l’heure, pourraient économiser suffisamment d’huile pour remplir 120 super pétroliers et suffisamment de gaz naturel pour chauffer 20 millions de foyers. Pour ce faire, les gouvernements doivent promouvoir activement des campagnes de sensibilisation, adopter des programmes financiers pour inciter les ménages à économiser l’énergie et introduire des réglementations imposant des économies d’énergie dans les bâtiments publics. Chaque mètre cube de gaz non consommé est désormais important, d’autant plus que l’Europe pourrait avoir besoin de reconstituer ses stockages de gaz sans le gaz russe avant l’hiver prochain.

Pour éviter le chantage énergétique de Poutine, l’Europe doit déployer toutes les options possibles à sa disposition. Par rapport aux options difficiles et coûteuses du côté de l’offre, telles que la recherche de volumes supplémentaires substantiels de GNL, les options du côté de la demande pourraient être un gain rapide potentiellement important.


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