L'indice des prix à la consommation du Canada n'a augmenté que de 1,8 pour cent en décembre et a diminué de 0,4 pour cent sur une base mensuelle grâce au congé fiscal et aux forces de désinflation dans l'ensemble de l'économie. Ces évolutions se sont produites même avec des effets de base plus élevés et des prix de l’essence dépassant leurs sommets saisonniers habituels.
Le plein impact de l'allégement de la TPS/TVH du gouvernement fédéral se fera sentir en janvier puisqu'il n'est entré en vigueur qu'à la mi-décembre. Malgré le caractère temporaire du congé fiscal et le fait que seule une partie des économies est répercutée sur les consommateurs, la désinflation est toujours présente dans les données avant même son introduction.
La Banque du Canada aura la tâche délicate de naviguer dans les eaux économiques qui s’annoncent. Les données sur l’emploi et l’inflation dressent un tableau mitigé, mais la désinflation semble être la tendance dominante, même si certaines composantes de l’indice, comme le logement, restent inflationnistes.
Nous nous attendons à ce que la banque centrale réduise son taux directeur de 25 points de base ce mois-ci et ralentisse le rythme des baisses de taux.
La prochaine baisse des taux marquera une nouvelle déviation par rapport à la Réserve fédérale américaine, mais elle pourrait s'avérer nécessaire pour maintenir l'inflation à proximité de 2 pour cent et stimuler la croissance. Le dollar canadien continuerait de s'affaiblir dans ce scénario.
L’incertitude liée à la politique commerciale continue d’assombrir les perspectives d’inflation. Même si la stabilité des prix a été pour l’essentiel rétablie, les droits de douane seraient inflationnistes et pourraient anéantir les progrès réalisés vers la stabilité des prix ces dernières années. Pour l’instant, la Banque du Canada prendra probablement ses décisions en matière de taux au cas par cas.
Les mesures de l’inflation sous-jacente se situent également bien en dessous de la fourchette supérieure de 3 pour cent et se rapprochent progressivement de l’objectif de 2 pour cent.
Alors que le rapport sur l'emploi de décembre a montré des chiffres solides, la croissance des salaires a chuté, ce qui entraînerait une baisse de l'inflation des services dans les mois à venir. Le ralentissement de la croissance des salaires s’ajoutera encore aux forces désinflationnistes puisque l’inflation des services était la composante inflationniste persistante de l’indice des prix à la consommation.
Le congé fiscal a contribué à la baisse de l'inflation puisque certains articles comme les aliments, les repas au restaurant ainsi que les vêtements et chaussures pour enfants étaient exonérés de la TPS/TVH.
L'inflation des produits alimentaires, en particulier, est tombée à 0,6 pour cent, contre 2,8 pour cent en novembre. Les prix des produits d'épicerie ont augmenté de 1,9 pour cent, contre 2,6 pour cent en novembre, et les prix des restaurants ont chuté de 1,6 pour cent sur une base annuelle. La différence tient au fait que certains produits alimentaires vendus dans les épiceries étaient déjà exonérés de taxe, tandis que les repas au restaurant étaient entièrement assujettis à la TPS/TVH avant l'allégement fiscal.
L’inflation alimentaire étant temporairement atténuée, le logement reste l’élément épineux ; il a augmenté de 4,5 pour cent sur une base annuelle après une augmentation de 4,6 pour cent en novembre.
Les prix des loyers et l’indice du coût des intérêts hypothécaires ont ralenti. Les loyers bruts ont chuté dans les grandes villes du Canada, la demande diminuant en raison d'une immigration plus stricte et de l'afflux de copropriétés arrivant sur le marché.
Les prix de l’essence ont augmenté de 3,5 pour cent en raison des effets de l’année de référence, les prix de l’essence ayant fortement diminué en décembre 2023 en raison d’une offre élevée de pétrole et d’une demande incertaine.
L'année en revue
Sur une base annuelle moyenne, l'IPC a augmenté de 2,4 pour cent, soit un chiffre plus élevé que les années pré-pandémiques mais le plus bas depuis 2020.
Alors que les prix des produits alimentaires sont tombés à 0,3 pour cent, ce qui est inférieur aux niveaux d’avant la pandémie, l’inflation des services a persisté en raison de la hausse des coûts de main-d’œuvre. Le ralentissement de la croissance des salaires en décembre indique que l'impact du ralentissement du marché du travail s'est propagé aux salaires, et l'inflation des services devrait s'atténuer dans les mois à venir.
Les taux d’intérêt élevés ont joué un rôle essentiel dans la poussée de l’inflation, car les remboursements hypothécaires constituaient une part importante de l’IPC. Hors remboursements hypothécaires, l’inflation est tombée en dessous de 2 pour cent au cours du second semestre.
Mais les baisses de taux intervenues au cours du second semestre ont contribué à atténuer les remboursements hypothécaires. L’indice du coût des intérêts hypothécaires a augmenté de 20,1 pour cent l’année dernière, contre 28,5 pour cent en 2023, les prêts hypothécaires ayant été contractés ou renouvelés à des taux plus bas.
Les prix des loyers ont augmenté de 8,2 % en 2023 en raison d’une demande plus forte causée par la croissance démographique due à l’immigration et aux personnes dissuadées par les taux d’emprunt élevés qui ont choisi de louer plutôt que d’acheter. La baisse des taux d’intérêt stimulera la demande de ventes cette année, ce qui ralentira la demande de locations. Une croissance démographique plus lente due à des règles d'immigration plus strictes contribuera davantage à l'assouplissement de la demande, au moins pour la première moitié de cette année.
Les prix des transports ont augmenté à un rythme plus rapide l'année dernière, de 1,6 pour cent, par rapport à 0,9 pour cent en 2023, car les prix de l'essence ont baissé plus lentement et les primes d'assurance et les frais d'immatriculation ont tous deux augmenté.