Perspectives économiques du Canada : l’aube de la reprise

Perspectives économiques du Canada : l’aube de la reprise

L’économie canadienne prendra un tournant vers la reprise au cours du second semestre de l’année, ouvrant la voie à une véritable reprise l’année prochaine.

L'inflation est en voie de chuter à 2,5 % cette année et de revenir à l'objectif de 2 % de la Banque du Canada l'année prochaine.

Bien que le Canada ait réussi à éviter une récession, le manque de croissance a été décourageant, car les taux d’intérêt élevés ont fait des ravages.

La bonne nouvelle est que la baisse des taux d’intérêt va bientôt alimenter la reprise. Avec la baisse des taux d’intérêt, le coût du service de la dette va diminuer, ce qui va encourager les dépenses de consommation et les investissements des entreprises.

L'inflation est en voie de chuter à 2,5 % cette année et de revenir à l'objectif de 2 % de la Banque du Canada l'année prochaine.

L'immigration demeure l'arme secrète du Canada, car la croissance démographique se traduit par une demande des consommateurs et une augmentation de l'offre de main-d'œuvre. Parallèlement, les plafonds imposés aux résidents temporaires, notamment aux étudiants et aux travailleurs temporaires internationaux, limiteront la croissance démographique et permettront de maintenir le taux de chômage et les augmentations de loyer à un niveau modéré.

Le secteur public continuera d’être un moteur de croissance de l’emploi, notamment dans le secteur de la santé.

Le coût de l’immobilier demeure un problème sensible pour les consommateurs. Les ménages et les entreprises résistent et parviennent à rembourser leurs dettes malgré des taux d’intérêt élevés. Mais la hausse des coûts du service de la dette oblige les ménages à réduire leurs dépenses discrétionnaires et les entreprises à freiner leurs investissements, ce qui freine la croissance.

Les principaux risques qui pèsent sur les perspectives sont la résurgence de l’inflation en raison d’une possible dépréciation du dollar canadien (CAD) par rapport au dollar américain (USD) et les incertitudes géopolitiques. L’inflation, combinée à une croissance élevée des salaires, pourrait retarder de nouvelles baisses de taux et donc la reprise.

Différence de taux d'intérêt et taux de change

La Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont évolué de concert depuis le début de la pandémie. Elles ont toutes deux abaissé leurs taux directeurs à 0,25 % en mars 2020, ont commencé à les relever deux ans plus tard, en mars 2022, et ont maintenu leurs taux à leur niveau le plus élevé depuis juillet de l’année dernière.

Mais les trajectoires économiques du Canada et des États-Unis divergent. Alors que l’économie canadienne connaît une croissance à peine au rendez-vous, celle des États-Unis continue de croître malgré une inflation et des taux d’intérêt élevés.

En raison de l’élargissement de l’écart de croissance, la Banque du Canada a déjà commencé à réduire son taux directeur et sera plus agressive que la Réserve fédérale.

La Banque du Canada a lancé le cycle de réduction des taux avec une réduction d’un quart de point en juin; nous prévoyons un total de quatre réductions pour porter le taux à un jour à 4 % d’ici la fin de l’année.

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La Fed ne commencera pas à baisser ses taux avant septembre et pourrait ne les réduire que deux fois cette année. La Banque du Canada atteindra probablement un taux limite de 3 % d’ici la fin de l’année prochaine, tandis que la Fed pourrait attendre jusqu’au début de 2026.

Cette divergence dans les politiques des banques centrales pourrait entraîner une baisse de la valeur du CAD par rapport au dollar américain. Le taux de change USD/CAD, actuellement à 1,36, pourrait se rapprocher de 1,4.

Les différentiels de taux d’intérêt pourraient entraîner un déplacement des investissements vers les États-Unis plutôt que vers le Canada, les investisseurs recherchant des rendements plus élevés.

Les importations pourraient coûter plus cher aux consommateurs et aux entreprises canadiennes, ce qui pourrait faire grimper l’inflation, ce qui constitue une menace pour la Banque du Canada. La banque centrale pourrait être obligée de maintenir ses taux d’intérêt élevés pendant plus longtemps.

Toutefois, même si nous nous attendons à ce que l’impact soit visible, il ne suffira pas à contrer les facteurs désinflationnistes dans les économies mondiale et canadienne.

IPC du Canada

Inflation

Les forces désinflationnistes vont perdurer, entraînant une baisse progressive de l'inflation. Le principal facteur de désinflation est la faiblesse de la demande des consommateurs, les ménages faisant face aux taux d'intérêt élevés en réduisant leurs dépenses discrétionnaires.

Alors que la moitié des emprunteurs ont renouvelé leur emprunt, l’autre moitié doit encore faire face à des taux d’intérêt plus élevés. Cela signifie que l’impact de la politique monétaire restrictive sur les dépenses de consommation continuera de se faire sentir dans les mois et les années à venir.

Le principal facteur désinflationniste est la faible demande des consommateurs, les ménages faisant face aux taux d’intérêt élevés en réduisant leurs dépenses discrétionnaires.

Si l'on exclut les frais de logement et les intérêts hypothécaires, l'inflation est de nouveau à la hauteur. L'indice des prix à la consommation (IPC) hors logement est tombé sous les 2 % depuis trois mois, et l'IPC hors intérêts hypothécaires est resté à 2 % pendant trois mois.

Le logement reste un sujet brûlant, car l’inflation immobilière continuera de dépasser les chiffres officiels.

Mais les coûts de l’immobilier connaissent un certain soulagement. Le marché des copropriétés s’affaiblit après avoir constaté une offre indispensable, alors que les travaux de construction qui ont commencé pendant la période de taux réels négatifs de 2021-22 sont en voie d’achèvement.

Les restrictions imposées aux travailleurs temporaires et aux étudiants internationaux vont également modérer la demande de logements ainsi que les augmentations de loyer cet automne. Il ne s’agit pas de solutions à long terme, mais plutôt de mesures d’allègement à court terme qui permettront de contenir les augmentations de loyer plus tard cette année.

Le ralentissement de la demande de main-d’œuvre signifie que la croissance des salaires va probablement ralentir vers l’été et l’automne, ce qui contribuera encore à la tendance à la baisse de l’inflation.

Insolvabilité des consommateurs au Canada

Marché du travail

Les embauches pourraient légèrement reprendre plus tard cette année, les baisses de taux rendant les investissements plus attractifs pour les entreprises. Le taux de chômage plafonnera à 6,4 % et restera supérieur à 6 % pour le reste de l'année et l'année prochaine.

Le rapport sur l'emploi d'avril, qui montre que l'économie a créé quatre fois plus d'emplois que prévu, témoigne de la résilience du Canada. Néanmoins, la tendance indéniable observée au cours de la dernière année est un ralentissement de l'embauche, malgré la création de nombreux emplois à temps partiel ou dans le secteur public au cours des derniers mois.

Le secteur public, qui comprend les soins de santé, l’éducation et l’administration publique, constitue une exception, car les investissements publics génèrent des embauches.

Au cours de l'année écoulée, l'emploi dans le secteur public a augmenté de 208 000, tandis que l'emploi dans le secteur privé n'a progressé que de 190 000. Le secteur public continuera de stimuler l'emploi jusqu'à la fin de l'année, même si la tendance pourrait ralentir, les gouvernements devant faire face à des paiements d'intérêts plus élevés.

La croissance démographique continuera d’accroître l’offre de main-d’œuvre. Bien que l’objectif de nouveaux résidents permanents cette année et 2025 soit de 500 000 par an, bon nombre d’entre eux se trouvent déjà à l’intérieur du pays.

Au cours des deux dernières années, l’augmentation de la population provient en grande partie de l’arrivée de résidents temporaires : étudiants internationaux et travailleurs temporaires.

Les limites récentes signifient que l’offre de travail n’augmentera pas autant, ce qui maintiendra le taux de chômage relativement bas, même au plus haut, par rapport à celui des précédents cycles de hausse des taux.

Emploi au Canada

Investissements des ménages et des entreprises

Les coûts élevés de l'immobilier continuent de peser sur la demande des consommateurs. Les locataires sont particulièrement touchés, mais les détenteurs de prêts hypothécaires doivent également faire face à des paiements d'intérêts plus élevés.

Alors que les faillites de consommateurs n’ont que légèrement augmenté et sont restées inférieures aux niveaux d’avant la pandémie, le nombre de propositions de faillite a bondi, dépassant les niveaux d’avant la pandémie. Cela met en évidence la vulnérabilité financière accrue des ménages.

Le point positif est que la baisse de l’inflation et la croissance régulière des salaires stimulent les revenus réels des ménages, ce qui pourrait accroître les dépenses globales malgré les coûts élevés du service de la dette.

L’ère des taux plus élevés pour plus longtemps signifie que les entreprises trouveront des moyens d’innover, car les taux baisseront, mais resteront supérieurs à ceux des deux dernières décennies.

L’achèvement de grands projets comme l’oléoduc Trans Mountain réduira les investissements dans les infrastructures énergétiques, mais de nouvelles initiatives dans les secteurs de la fabrication et des transports, notamment dans le secteur des véhicules électriques, devraient stimuler les investissements au cours du second semestre de l’année.

Les échanges commerciaux avec les États-Unis pourraient ralentir en raison du ralentissement éventuel de l’économie américaine plus tard cette année.

Les entreprises pourraient déplacer leur attention de la maintenance vers l’expansion l’année prochaine, ce qui donnera un nouvel élan à l’économie.

Les plats à emporter

La deuxième moitié de l'année marque le début de la reprise économique au Canada, avec une croissance plus vigoureuse attendue l'an prochain. La divergence des politiques des banques centrales entre le Canada et les États-Unis jouera également un rôle crucial dans le façonnement du paysage économique.

Même si des défis subsistent, notamment le coût élevé du logement, les baisses de taux attendues et la croissance démographique continue constituent les bases d’une prospérité renouvelée.

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