Une nouvelle direction pour la stratégie timide de l’Union européenne en matière de semi-conducteurs

L’UE a besoin d’une stratégie plus ciblée pour accroître sa présence dans ce secteur stratégique et prospère, en s’appuyant sur ses atouts existants, tout en répondant à ses besoins intérieurs relativement faibles.

Les auteurs remercient Sybrand Brekelmans, Viktor Krozer, Guntram Wolff et Georg Zachmann pour leurs commentaires.

Composant de base des appareils électroniques, les semi-conducteurs sont essentiels à la fabrication de nombreux produits, des smartphones aux voitures. Garantir des approvisionnements fiables en semi-conducteurs pour protéger les chaînes de production d’un éventail d’industries est donc devenu un objectif politique important, en particulier dans le contexte d’un environnement international de plus en plus conflictuel dans lequel le leadership en matière de haute technologie est également associé à la puissance militaire et à la portée géopolitique.

Le secteur des semi-conducteurs est très concentré, à forte intensité de capital et de R&D, et particulièrement exposé aux goulets d’étranglement et aux risques politiques. La fabrication de puces haut de gamme est centrée en Asie, dominée par le duopole de TSMC de Taïwan et de Samsung de Corée du Sud. Dans d’autres parties de la chaîne d’approvisionnement, des entreprises aux États-Unis et en Europe détiennent des monopoles relatifs qui ont été exploités pour des sanctions commerciales. Les États-Unis ont pris des mesures pour bloquer la fourniture de puces et de composants aux géants technologiques émergents en Chine et pour contenir les ambitions de la Chine de construire ses propres capacités de production de puces de pointe.

Les investissements lourds des États-Unis et de la Chine posent un défi à l’Union européenne, qui en réponse s’est fixé pour objectif d’augmenter la production européenne au-delà de la demande intérieure. Pour accroître sa présence dans ce secteur stratégique et prospère, l’UE a besoin d’une stratégie plus ciblée qui s’appuie sur ses atouts existants tout en répondant à ses besoins intérieurs relativement faibles. Au lieu d’investir des fonds publics dans une guerre des subventions sur la capacité de fabrication, l’UE devrait se concentrer sur les intrants et la conception de puces. Cependant, aucune économie ne peut espérer atteindre pleinement l’indépendance du secteur et assurer un approvisionnement durable par des moyens diplomatiques devrait donc également être une priorité. Enfin, le faible rôle de l’Europe dans la production mondiale de semi-conducteurs est symptomatique des lacunes de l’environnement européen pour l’innovation de haute technologie. Ces lacunes doivent être corrigées.

Citation recommandée :
Poitiers, N. et P. Weil (2021) ‘Une nouvelle direction pour la demi-stratégie des semi-conducteurs de l’Union européenne’, Contribution politique 17/2021, Bruegel

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