La Russie fait encore chanter l’Europe – WSJ

Le terminal du gazoduc Nordstream à Lubmin, dans le nord-est de l’Allemagne.


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Jean Macdougall/Agence France-Presse/Getty Images

La récente tournure de Vladimir Poutine au chantage à l’énergie l’a tellement amusé, pourquoi ne pas prendre un autre tournant ? Cela semble être la pensée à l’intérieur du Kremlin alors que la Russie ferme un gazoduc critique vers l’Europe pour la deuxième fois en autant de mois, déclenchant une nouvelle panique sur le continent.

Gazprom a annoncé vendredi qu’il fermerait le gazoduc Nord Stream 1 pendant trois jours la semaine prochaine pour « maintenance imprévue ». Il s’agit du principal conduit du gaz russe directement vers l’Europe occidentale, et il ne fonctionnait déjà qu’à 20 % de sa capacité. Un autre arrêt pour maintenance le mois dernier a fait craindre que la Russie ne coupe l’approvisionnement en gaz de l’Europe avant que le continent ne soit prêt pour un tel événement. Les prix du gaz ont grimpé en flèche lundi, le contrat à terme néerlandais de référence atteignant brièvement 300 € par mégawattheure, selon Factset.

M. Poutine continue de jouer à ce jeu parce qu’il continue de le gagner. Les dirigeants européens ne capitulent pas comme il l’espère en fin de compte, en faisant pression sur Kyiv pour qu’il négocie un cessez-le-feu aux conditions de M. Poutine afin de mettre fin à la guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine. Mais les ravitaillements mettent à rude épreuve les relations entre alliés occidentaux. L’arrêt de Nord Stream 1 en juillet aurait eu lieu parce qu’une turbine était piégée au Canada en raison de sanctions. La solution consistait pour Ottawa à affaiblir suffisamment son application des sanctions pour que le Canada renvoie la turbine en Allemagne. M. Poutine a probablement eu un bon rire.

Nous verrons quel sera le prix pour mettre fin à cet arrêt de maintenance. M. Poutine pourrait également penser qu’il peut affaiblir la résolution européenne et exacerber les tensions politiques, simplement en rappelant tôt et souvent aux électeurs occidentaux à quel point ils sont vulnérables aux pénuries d’énergie. L’arrêt de cette semaine intervient alors que Berlin dit aux ménages de baisser leurs thermostats à 66 degrés Fahrenheit cet hiver pour économiser du carburant.

Il y a déjà des spéculations quant à savoir si cette fois le gaz pourrait rester éteint pour de bon, la même inquiétude exprimée pendant un certain temps lors de la fermeture de juillet. Mais M. Poutine n’a pas besoin de fermer le robinet pour créer des problèmes politiques dans les démocraties occidentales, et n’a aucune incitation à le faire tant qu’il peut également tirer profit de la vente de gaz à l’Europe. Il lui suffit de refermer le robinet de temps en temps pour déclencher de nouvelles inquiétudes chez ses adversaires.

Le Kremlin maintiendra cela jusqu’à ce que l’Europe développe des sources plus larges de gaz naturel, y compris des sources domestiques, ou réinvestisse dans l’énergie nucléaire. M. Poutine aime ce trajet, mais l’Europe peut choisir de descendre à tout moment.

Bilan & Perspectives : En envahissant l’Ukraine, Vladimir Poutine a unifié l’alliance de l’OTAN, qui sera plus forte avec la Finlande et la Suède comme membres (16/05/22). Images : Spoutnik/TT News Agency/Lehtikuva/Reuters Composite : Mark Kelly

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Paru dans l’édition imprimée du 23 août 2022 sous le titre « Putin Blackmails Europe, Again ».

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