Malgré tout, le monde n’a jamais été aussi libre – AIER

Pendant les verrouillages pandémiques, l’éventail des pouvoirs gouvernementaux d’urgence (que l’on pense ou non justifiables) a fait place à la crainte que ces pouvoirs ne soient pas complètement abandonnés une fois que la crise s’estompe dans le rétroviseur. C’est une préoccupation compréhensible.

Cependant, un rapide coup d’œil dans le rétroviseur laisse en fait place à un grand optimisme. À partir de la fin du 19e siècle à la veille de la pandémie, il y a eu de multiples crises qui auraient pu éroder de façon permanente les libertés économiques, politiques et civiles. Pourtant, sur le net, ces libertés se sont en fait élargies depuis le 19e siècle.

Du moins, c’est ce que l’on peut observer en consultant un article récent de Leandro Prados de la Escosura dans le Revue d’histoire économique. Prados de la Escosura commence par prendre l’indice de développement humain (IDH) fréquemment utilisé – une composition statistique du revenu, de l’éducation et de la santé – qui vise à mesurer l’étendue des choix qui s’offrent aux individus. L’idée est qu’une personne riche, en bonne santé et éduquée a plus de choix possibles qu’une personne pauvre, malade et analphabète. En d’autres termes, l’IDH vise à capturer la «quantité» d’agence et de volonté que les gens peuvent réellement exercer.

Le problème avec l’IDH, souligne Prados de la Escosura, n’est pas la philosophie qu’il est censé refléter mais plutôt la façon dont il est mesuré. Si ce qui nous importe est le domaine de l’action, alors l’indice devrait être composé de plus d’indicateurs que le revenu, l’éducation et la santé. Il devrait inclure les libertés civiles et politiques – ce que fait Prados de la Escosura pour 162 pays à partir de 1870 en créant une mesure augmentée de l’IDH.

L’IDH augmenté montre une amélioration considérable à partir de 1870. Si la composante santé de l’indice est la principale force motrice, les libertés politiques et civiles contribuent pour une part importante aux progrès de l’indice augmenté.

En fait, après 1970, le progrès des libertés politiques et civiles est le principale force motrice. Ces résultats concordent avec d’autres résultats concernant les progrès des libertés humaines, comme celui de la convergence vers le haut en termes de certains composants (pas tous) des indices de liberté économique. Prados de la Escosura lui-même, dans des travaux antérieurs publiés dans le Revue d’histoire économique, mesurer la liberté économique dans les pays développés depuis 1850, le confirme. En effet, il constate que la liberté économique a progressé pour 22 pays de l’OCDE depuis la fin du 19e siècle.

C’est une découverte surprenante. Après tout, la période de 1870 est parsemée de crises qui auraient érodé de façon permanente la liberté humaine: deux guerres mondiales, la guerre froide, six pandémies de grippe, plusieurs récessions importantes. Et pourtant, la liberté humaine s’est épanouie. Ceci est rassurant car cela confirme certains travaux économétriques suggérant qu’il existe des preuves pour affirmer que les crises ne systématiquement conduire à des augmentations permanentes de la taille et de la portée des gouvernements.

Pourtant, il y a lieu d’insister sur le principe «systématiquement » dans la phrase précédente. Il est prouvé que certaines crises spécifiques ont conduit à des érosions dans différents types de liberté. Il est également prouvé que certains types de changements économiques peuvent conduire à une dégradation institutionnelle.

Pris ensemble, ces éléments de preuve laissent place à l’optimisme. En effet, cela suggère qu’il n’est pas acquis qu’une crise conduit à des augmentations permanentes des pouvoirs du gouvernement. Les restaurations peuvent se produire de différentes manières. Malheureusement, cela n’a pas fait l’objet de discussions ces derniers temps. En fait, il a été étrangement ignoré dans les débats et discussions actuels. Les preuves du travail de Prados de la Escosura devraient nous donner la motivation nécessaire pour rectifier cet oubli.

Vincent Geloso

Vincent Geloso

Vincent Geloso, senior fellow à l’AIER, est professeur assistant d’économie au King’s University College. Il a obtenu un doctorat en histoire économique de la London School of Economics.

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