Messages mixtes de Joe Biden sur l’Iran

Le président Joe Biden prononce une allocution le 25 février.


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Jonathan Ernst / Reuters

La frappe aérienne de vendredi matin contre les milices soutenues par l’Iran dans l’est de la Syrie envoie un message clair: le président Biden utilisera la force pour défendre la vie des Américains. Mais cette évolution bienvenue est une exception au reste de la nouvelle politique iranienne de M. Biden.

Le président a autorisé la mission jeudi en réponse aux attaques meurtrières à la roquette contre le personnel américain et allié en Irak ce mois-ci. Les frappes, destinées à viser les mandataires iraniens Kataib Hezbollah et Kataib Sayyid al-Shuhada, ont détruit plusieurs installations de stockage d’armes.

Le Pentagone n’a pas confirmé le nombre de victimes, mais les médias suggèrent que plus d’une douzaine de combattants pro-iraniens ont été tués alors que les États-Unis ont également frappé des camions chargés d’armes. Le message sera entendu à Téhéran et par d’autres adversaires américains.

D’un autre côté, il y a le désir apparemment impatient de M. Biden de revenir à l’accord nucléaire défectueux de 2015 avec l’Iran. Après avoir annoncé que Washington ne pouvait pas «revenir en arrière» sur les sanctions des Nations Unies, la nouvelle administration consulte la Corée du Sud au sujet de la libération d’au moins 1 milliard de dollars en avoirs iraniens gelés. Le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré cette semaine que les États-Unis voulaient «allonger et renforcer» l’accord – bien – mais a ensuite déclaré que les sanctions du président Trump contre l’Iran avaient échoué.

Comment l’abandon des sanctions amènera l’Iran à accepter un meilleur accord n’est pas dit. Et, sans surprise, Téhéran a répondu aux ouvertures en limitant l’accès des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique et en menaçant d’enrichir davantage l’uranium.

La Maison Blanche fait également l’erreur de compter sur l’Europe pour aider l’Iran à conclure un meilleur accord nucléaire. Parlez de faux espoir. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France n’ont pas aidé M. Trump à améliorer l’accord. La France et l’Allemagne ont également récemment embarrassé la nouvelle administration en se précipitant pour signer un accord d’investissement majeur avec la Chine.

Voilà pour «restaurer les alliances». Les Européens se sont convaincus que l’accord nucléaire changera le comportement de l’Iran, mais cette diplomatie ne consiste guère plus qu’à servir leurs intérêts commerciaux avec l’Iran.

Pendant ce temps, les États-Unis donnent le revers de la main aux pays les plus menacés par l’Iran – Israël et les États arabes sunnites. L’Administration a suspendu les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis le mois dernier. Il a également retiré son soutien à une coalition dirigée par l’Arabie saoudite combattant les rebelles houthis soutenus par l’Iran au Yémen tout en levant les sanctions contre les Houthis. Vendredi, l’administration a publié un rapport cinglant des renseignements sur l’implication des responsables saoudiens dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi (voir à proximité). Au milieu d’une vague d’autres activités, M. Biden a également tenu à retarder ses premiers appels aux dirigeants saoudiens et israéliens.

Tout cela ressemble et sonne au redux de Barack Obama, même si le Moyen-Orient a changé en quatre ans. L’Administration courtise toujours l’Iran, comme si le régime et le Corps des gardiens de la révolution islamique avaient manifesté le désir de changer leur comportement impérial. Ces concessions mettent en péril les progrès des accords historiques d’Abraham entre Israël et les pays arabes et l’endiguement de l’Iran, où les sanctions ont attisé la colère du public contre le régime et miné sa capacité à projeter le pouvoir dans la région.

M. Biden dit qu’il veut se concentrer moins sur le Moyen-Orient et plus sur l’Indo-Pacifique. Pour ce faire, il faut s’appuyer sur les alliances de l’administration Trump et persuader les Européens de rejoindre un front uni contre l’Iran. Sinon, M. Biden est sur la voie de la déception stratégique et des distractions chronophages en Irak, en Syrie et dans la péninsule arabique.

Paul Gigot interroge l’ancien responsable de la sécurité nationale de Trump, Matthew Pottinger. Photo: Presse ZUMA

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Paru dans l’édition imprimée du 27 février 2021.

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